Rama la slameuse, ou quand l’exubérance mène à la prison au Burkina (PAPIER D’ANGLE)

Inculpée pour blanchiment de capitaux et poursuivie pour discrédit d’un acte judiciaire, outrage à agent, menace de mort entre autres, la première femme à avoir adopté le slam au Burkina, Rasmata Diallo dit Rama la slameuse, vient de vivre sa deuxième nuit dans la peau d’une détenue à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Une incarcération qui a surpris plus d’un parmi les fans et détracteurs de cette artiste réputée pour son exubérance et son impertinence assumées.

us connue pour ses frasques que pour ses oeuvres musicales, Rama la slameuse, qui dit être également une femme d’affaires, ne rate aucune occasion d’exposer sa richesse; comme en témoigne la rénovation onéreuse de son salon ou encore, plus récemment, la célébration le 18 juin de l’anniversaire de sa fille, à hauteur de plus de 25 millions Fcfa selon elle.

A 30 ans, celle qui revendique la première place du slam au Burkina Faso a un style de vie à l’américaine: bling bling, exhibition de biens, goûts de luxe, clashes à répétition (influenceuses web, artistes, inconnus, personne n’y échappe), écarts de langage… tout y est pour non seulement choquer plus d’un dans ce pays où les valeurs cultivées y sont complètement opposées, mais aussi attirer l’attention sur l’origine de ses biens.

C’est à la surprise générale que les internautes ont découvert une Rama désespérée au lendemain de l’anniversaire de sa fille Gloria, demandant le soutien de ses « collègues artistes » à l’occasion de son audition lundi au palais de justice pour « blanchiment d’argent », non sans promettre de s’y rendre nue et maudire au passage tous les juges et avocats qui y sont en fonction.

N’étant pas à sa première incartade, son audition s’est soldée par un contrôle judiciaire dans le cadre du blanchiment de capitaux, assorti d’un mandat de dépôt pour deux autres affaires, liées à une plainte à son encontre suite à une altercation avec des policiers fin 2018 et sa vidéo publiée le 19 juin dans laquelle elle souhaite « que le sang ne cesse de couler au tribunal » de grande instance de Ouagadougou.

Ce qui était donc perçu comme un énième coup d’éclat de cette artiste que les plus conservateurs aiment détester, prend donc une autre tournure et se répand à la vitesse de la lumière, de quoi créer sur la toile un débat sur l’égalité des citoyens devant la justice.

Estimant que certains ministres « devraient devancer Rama en prison », Jason soutient que « la justice vient de perdre toute crédibilité en montrant qu’elle (accule) les faibles », quand Garen ironise sur « l’indépendance » de cette institution qui « a les moyens de bien faire son travail » mais « manque souvent de volonté en fonction de la qualité ou de l’appartenance politique du justiciable ».

Bien entendu, les internautes exaspérés par l’attitude singulière de la slameuse s’en sont donné à cœur joie, estimant comme Roland Swi qu’elle mérite d’être poursuivie pour avoir « humilié la justice et tout un peuple ».

Selon son avocat, Rasmata Diallo « n’a pas d’inquiétude par rapport à (l’) affaire de blanchiment d’argent » et peut être jugée « à tout moment » devant le tribunal correctionnel pour répondre de ses actes, selon la procédure de flagrant délit.

MYA

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