Robert Mugabe, un résistant au parcours impressionnant (PORTRAIT)

Robert Gabriel Mugabe est Né le 21 février 1924 d’une mère pieuse et d’un père immigré du Nyassaland (Malawi) qui abandonne le foyer familial alors qu’il n’a que 10 ans. Le prêtre irlandais Jérôme O’Hea, son tuteur, est celui qui discerne en lui des aptitudes intellectuelles. Enfant solitaire, Mugabe montre de l’intérêt pour la lecture et les études.

Brillant élève, une bourse pour l’université noire de Fort Hare en Afrique du Sud lui est accordée. Il y étudie l’anglais et l’histoire. C’est l’occasion pour le jeune étudiant de rencontrer plusieurs personnalités du nationalisme africain qui, plus tard dirigeront à leur tour leur pays, notamment Julius Nyerere de la Tanzanie. Avec un diplôme d’enseignant obtenu, il part au Ghana de Kwame Nkrumah. Là, il respire l’air du premier pays où les Noirs ont recouvré leur indépendance et leur liberté en 1957. Il y rencontre Sally Hayfron, sa collègue, qu’il épouse en 1961.

En 1964, alors marqué de l’idéologie marxiste, Mugabé est de retour au Zimbabwe, appelé Rhodésie du Sud dirigé par sa minorité blanche. Il créé son propre parti, l’Union nationale africaine du Zimbabwe(ZANU), issu de l’Union des peuples africain de Joshua Nkomo. Ces mouvements sont favorables à l’indépendance de la Rhodésie pour se libérer du pouvoir des colons britanniques. En 1964, il est arrêté et emprisonné avec d’autres activistes pour avoir critiqué le gouvernement d’alors et se voit désormais transféré de cachot en cachot. Comme Mandela, il utilise ces années de détention à en son avantage pour parfaire l’éducation de ses compagnons de lutte, parmi lesquels se trouve le jeune Emmerson Mnangagwa, et obtient lui-même une demi-douzaine de diplômes par correspondance entre autre en économie et en droit.

En 1974, après dix années de prison, il part au Mozambique, d’où il dirige des raids de guérilla en Rhodésie aux commandes de la branche armée du mouvement ZANU-PF.

1979-1980 : les accords de Lancaster et l’accession de Mugabe au pouvoir

En avril 1980, au terme d’une guerre d’indépendance (1975-1979) contre le régime raciste du premier ministre Ian Smith qui aura fait plus de vingt mille morts, la Rhodésie du Sud accède à l’indépendance et devient le Zimbabwe.

Mugabe signe les accords de Lancaster House, dans l’ouest de Londres, sous l’égide de l’ancienne puissance coloniale. Ces accords attribuent aux Blancs un cinquième des sièges de l’Assemblée nationale et empêche au future gouvernement de toucher aux terres agricoles détenues à moitié par les Blancs durant dix ans. Ces accords prévoient aussi des élections législatives en 1980.

Mugabe remporte le scrutin devenant ainsi, le premier ministre du nouvel Etat indépendance le 18 avril 1980. Il compose un gouvernement de coalition regroupant la ZANU et le ZAPU. Les blancs sont représentés au parlement avec 20%des sièges alors qu’ils ne représentent que 3% de la population et nomme deux ministres blancs.

Enseignant de formation, Mugabe entreprend de vastes programmes dans le secteur éducatif qui permet au pays d’avoir l’un des plus forts taux d’alphabétisation du continent. En outre, il décide d’investir énormément dans les secteurs de la santé et de l’agriculture. Le pays connait ici ses années de prospérité. La transition s’est déroulée sans heurts. Le Zimbabwe est alors le grenier à céréales du continent, et l’un des premiers producteurs de tabac au monde.

Les années 1990 avec les échecs

Au début de cette décennie, le FMI et la Banque mondiale imposent au gouvernement de Mugabe une cure d’austérité. Il se sépare de plusieurs fonctionnaires sous la contrainte et réduit la dépense publique.

Sally Mugabe, la première dame populaire, décède en 1992. Il épouse donc en 1996 sa secrétaire Grace de 41ans sa cadette.

Pendant les vingt premières années de l’indépendance, les fermiers blancs ont continué à s’enrichir.

La chute du régime

Dans la décennie 2010 la vice-présidente Joyce Mujuru et le vice-président Emmerson Mnangagwa, ancien chef d’état-major des armées et ancien patron des services secrets, deux aspirants à la succession de Mugabe sont révoqués par lui, pour céder la voie en faveur de son épouse, Grace, surnommée « Disgrâce » à cause de ses frasques, de ses propos virulents et son comportement dépensier. Elle est parfois présentée comme le successeur potentiel de son époux. Le Zimbabwe s’enfonce dans une crise économique :155e pays du monde classé à l’indice de développement, 70 % de la population sous le seuil de pauvreté 4.

Dans la nuit du 04 au 15 novembre 2017, a lieu un coup d’État, Robert Mugabe est placée en résidence surveillée. Son entourage politique, des quadragénaires regroupés sous le surnom de G40, est le premier visé par les arrestations. Sa décision de déchoir le vice-président Emmerson Mnangagwa semble avoir joué dans le retournement de l’armée à l’égard à son égard.

Le 21 novembre, Mugabe rédige sa lettre de démission au moment où le Parlement de Harare entame contre lui une procédure de destitution.

Après 37 ans de pouvoir, Robert Mugabe décède loin de sa terre natale dans un hôpital de Singapour (au nord de l’Indonésie et au sud de la Malaisie) où il était traité pour une maladie qui n’a pas été diagnostiquée. Pour plusieurs Africains, il est considéré comme une icône, le héros de l’indépendance, celui qui a tenu tête aux colons britannique, qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Dorine Alam Banga

 

 

 

 

 

 

 

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